Par Nicolas Lefebvre Legault Dans le quartier, ceux et celles qui sont à la recherche d’un grand logement pour leur petite famille sont probablement en train de s’arracher les cheveux. Pourtant, à en croire les manchettes des journaux, la crise du logement qui sévit à Québec depuis 2001 serait en train de se résorber. Les taux d’inoccupation augmentent en effet partout… Partout, sauf au centre-ville.

De quoi parle-t-on au juste? À Québec, quand on parle de crise du logement, on parle essentiellement de la pénurie de logements locatifs. Selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement (la SCHL), il y a pénurie de logements lorsque moins de 3 % des logements sont inoccupés. C’est le cas à Québec depuis 2001. Cette pénurie de logements est particulièrement visible autour du premier juillet quand des gens se retrouvent à la rue. Depuis un creux historique de 0,3 % en 2002, les taux d’inoccupation ont tendance à remonter légèrement. Aujourd’hui, ils se situent autour de 1,4 %. C’est ce qui fait dire aux médias (et aux politicien-nes) que la crise se résorbe. Ça empire au centre-ville Cette remontée générale des taux d’inoccupation dans la région cache une détérioration de la situation dans les quartiers centraux de Québec. Dans trois zones d’analyse sur neuf — Haute-Ville, Basse-Ville-Vanier, Des Rivières-Ancienne-Lorette — les taux d’inoccupation ont baissé depuis un an. Dans Haute-Ville, qui comprend Saint-Jean-Baptiste mais aussi Montcalm et le Vieux-Québec, le taux général d’inoccupation est de 1,3 %. (On est loin du «marché équilibré» que la SCHL situe à 3 %.) La situation est encore pire si vous cherchez un logement comprenant deux chambres à coucher, le taux tombant alors à 0,5 %. En basse-ville et à Vanier, les taux d’inoccupation sont encore plus bas (1,2 % en général et 0,3 % pour les logements comprenant deux chambres à coucher). Comme les logements de la basse-ville sont historiquement les moins chers de la région, les groupes communautaires se demandent comment vont se loger les personnes à faible revenu. De plus en plus cher La pénurie de logements a donné aux propriétaires le gros bout du bâton. Il est clair que plusieurs en ont profité puisque le loyer moyen d’un logement de deux chambres à coucher a atteint 621 $ par mois à Québec en 2005. C’est 103 $ de plus par mois qu’en 2000 (20 % d’augmentation en cinq ans!). Si le loyer avait augmenté au même rythme que l’Indice des prix à la consommation depuis 2000, il serait aujourd’hui de 582 $ par mois. Mais il y a encore pire : il n’y a tellement pas de logements disponibles en haute-ville que les propriétaires d’ici peuvent se permettre de demander les loyers les plus chers de toute la région (823 $ par mois en moyenne pour un deux chambres dans le marché privé en 2005 !). Il est évident que les ressources des locataires n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions depuis cinq ans… On peut donc dire qu’on assiste à une forme de redistribution de la richesse à l’envers : un transfert massif d’argent des poches des locataires vers celles des propriétaires, ceux pour qui tant de gens endossent leurs chèques d’aide sociale. Voilà pourquoi les groupes comme le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste militent activement en faveur du développement de logements sociaux dans les quartiers centraux. == Extrait du numéro d'avril 2006 du journal l'Infobourg.

Logement : de pire en pire au centre-ville